#10 - La Résistance en Tarn-et-Garonne

Écho #10 : La Résistance en Tarn-et-Garonne

AVANT-PROPOS

L'écho des archives que nous publions aujourd'hui commémore les 80 ans de l'appel du 18 juin. Il ne présente qu'une petite sélection de documents écrits et iconographiques tirés du fonds des correspondants du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale (1188 W). Il s'agit de l'un des principaux fonds d'archives relatifs à l'occupation et à la libération du département conservé à ce titre aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne. Ce n°10 est une simple évocation de la résistance au niveau local et une invitation à en découvrir davantage en salle de lecture.

 

HISTORIQUE DE LA RÉSISTANCE

Organisation de la Résistance 1940-1941. 

C'est la débâcle militaire. Le président du Conseil Paul Raynaud, en désaccord avec les principaux membres du gouvernement, démissionne. Il est remplacé par le maréchal Pétain qui, le 17 juin à Bordeaux, négocie les conditions d'un armistice avec l'Allemagne. Le même jour, le général de brigade Charles de Gaulle s'envole pour Londres, d'où il lance, le 18 juin, l'appel à poursuivre le combat. Il est immédiatement désavoué par le gouvernement français.

Per360 - article mentionnant l'appel du général de Gaulle, en une de la dépêche du 20 juin 1940.

Certains français, comme lui, refusent la défaite et, déjà résistants, se manifestent en distribuant des tracts, des journaux ; progressivement, ils se regroupent, s'organisent. La résistance n'est pas « un cadre tout fait, peut-on lire dans une notice du ministère de l'information de 1946, (…) elle est la somme d’expériences individuelles, plus ou moins concertées, qui ont pris peu à peu une forme plus ou moins collective ».

 

1188W95 - Unes de journaux résistants 

En Tarn-et-Garonne, quelques hommes seulement vont au début former des mouvements civils, dont certains sont des antennes d'instances présentes au niveau régional. Combat, Libération, Franc-Tireur, Libérer et Fédérer, les Jacobins montalbanais, le Parti communiste clandestin, la CGT clandestine, le groupe de Maitre Veaux, qui est un service des renseignements, tous ont le même programme : diffuser largement l’appel à la résistance, contrarier l’action du gouvernement de Vichy. 

1188W 94 - Tract appelant à une manifestation patriotique pour le 14 juillet 1943.

1188W98 - 14 juillet 1944, le maquis, groupe "Fantôme", devant le monument aux morts à Nègrepelisse. Clichés Capéran.

 

A ces mouvements civils viennent s’ajouter les organisations paramilitaires :

  • L'Armée Secrète (A.S.) divisée en compagnies par secteurs géographiques,

  • L’Organisation de Résistance Armée (O.R.A.),

  • Les Franc-Tireurs Partisans (F.T.P)

  • La commission de camouflage de matériel (qui n’était pas un organisme de combat mais qui veillait à cacher à l’ennemi armes et carburant).

 

L'action

Avec l'occupation de la zone libre en novembre 1942, et donc du Tarn-et-Garonne, la lutte des combattants de l'ombre s’intensifie et se durcit. La Wehrmacht arrive dans notre département et, deux ans plus tard en 1944, la division SS Das Reich et son cortège d’atrocités.

 

1188W94 - Affiche émanant de la SS concernant les peines encourues par les proches de résistants. 1942.


1188W98 - L'armée allemande sur le Pont-vieux à Montauban, nov-déc 1942.

 

 

1188W98 - Soldats de la division SS "Das Reich" posant sur un camion blindé Half-track.

 

Les groupes de résistants, chacun selon ses moyens et selon sa fonction, contreviennent aux ordres de l'ennemi : faux papiers, aide au passage en Espagne, aide aux juifs, maquis, sabotages, noyautage de l'administration…


1188W43 - État des sabotages effectués sur la voie ferrée Montauban -Toulouse par les F.T.P. entre janvier et août 1944.

 

LE COMITÉ D’HISTOIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Que reste-t-il au sortir des conflits ? Les souvenirs et récits de ceux qui les ont vécus. Témoignages précieux, bien souvent fragmentaires, subjectifs ou partisans, dont l'historien s'efforce avec méthode et prudence de tirer la vérité historique. La création du Comité français d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale avait précisément pour but de donner un contenu scientifique à l'interprétation de ce conflit et de le faire connaitre dans sa globalité. Pour cela il fallait rassembler les documents existants, enquêter pour reconstituer les faits, retrouver ce qui avait été dispersé dans cette période de trouble.

 

 

            1188W95 - Une du Franc-tireur du 6 juin 1944            10Fi1165 - Affiche du G.P.R.F, allégorie de la libération de la France.

Création et activités du Comité

Le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale est né le 17 décembre 1951 de la fusion de la Commission d’histoire de l’occupation et de la libération de la France (CHOLF) et du Comité d’histoire de la Guerre, créés respectivement le 20 octobre 1944 et le 6 juin 1945 pour préserver la mémoire du conflit. Ce nouvel organisme, directement rattaché à la présidence du Conseil, était doté d’un important réseau de correspondants dans les départements. Incarné par l’historien Henri Michel, qui en fut longtemps le secrétaire général, il était principalement chargé de recueillir des témoignages sur divers aspects de la résistance, de l’occupation et de la répression, tout en coordonnant des enquêtes et des publications. Il avait aussi vocation à recueillir des archives personnelles des acteurs de la période. Il cessa ses activités le 31 décembre 1980, laissant place à l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP). Les documents et témoignages qu'il avait patiemment rassemblés un peu partout en France furent versés aux Archives départementales territorialement compétentes. 

Les correspondants locaux

En Tarn-et-Garonne, les correspondants du Comité étaient France Féral et Jean-Albert Ressigeac. Ils ont collecté témoignages, mémoires, journaux de maquis, carnets de route, circulaires, notes de service et mené des enquêtes sur les lieux avec prises de clichés photographiques. L'un des résultats les plus remarquables de leurs rigoureux travaux est une carte de la résistance dans le département, accompagnée d’une notice détaillée. Elle présente un tableau d’ensemble des implantations et des opérations des Forces Françaises de l’Intérieur.

Elle comprend :

  • Les emplacements des unités

  • Les parachutages

  • Les sabotages

  • Les actions de guérilla

  • Les représailles des ennemis

Jean-Albert Ressigeac, correspondant local et résistant.

Agrégé d'espagnol, Jean-Albert Ressigeac (1886-1967) enseigne au lycée Ingres de Montauban quand éclate la guerre d'Espagne. Il se montre alors un fin observateur de la situation à Irun et soutient, après leur défaite, les Républicains espagnols par divers moyens : subsides, secours en nature aux réfugiés etc.

 


1188W102 - A. Ressigeac aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne, février 1961

 

Quelques années plus tard, en 1941, le gouvernement de Vichy le met à la retraite pour appartenance à la franc-maçonnerie. Cet acte scelle son entrée dans la résistance, où ses actions sont multiples : chef du Noyautage des Administrations publiques (NAP), membre de plusieurs instances clandestines et notamment, en août 1944, membre du Comité départemental de Libération (CDL).

1188W102 - Attestation de résistant en faveur d'Albert Ressigeac donnée par l'abbé Glasberg, ancien curé de la paroisse de Léribosc en 1943-1944

Après le conflit, il est désigné membre correspondant en Tarn-et-Garonne du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale. En véritable historien, il collecte documents et témoignages, compare et critique ses sources, se rend sur le terrain pour des reportages photographiques et des relevés topographiques, établit de savantes notices historiques sur l'histoire clandestine de la résistance, qu'il avait l'avantage de bien connaître de l'intérieur.

 


 

1188W102  - Carte de la Confédération nationale de la France combattante d'Albert Ressigeac 

La documentation historique qu'il a ainsi rassemblée est aujourd'hui en grande partie conservée, avec ses propres notes, aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne, dans le fonds coté 1188 W que tout un chacun peut venir librement consulter en salle de lecture.

C'est grâce à ce travail d'enquête que Ressigeac, assisté de sa collaboratrice France Féral, a pu dresser la carte, remarquablement documentée, de la résistance en Tarn-et-Garonne, présentée dans cette exposition.

 

1188W98 - Albert Ressigeac présentant la carte de la résistance en Tarn-et-Garonne en 1961.

Voir la carte de la Résistance