Causerie n°8 : Laure Girbal, une pionnière du féminisme en Tarn-et-Garonne

Présentation de la conférence

Le parcours de cette militante infatigable dont nous ne connaissons pas (encore?) le visage, se caractérise par un engagement total pour la condition féminine allant de la petite enfance au combat suffragiste.

La montalbanaise Laure Émilie Jeanne Girbal (1857-1939) est une pionnière du féminisme dans le Tarn-et-Garonne. Personnalité restée jusqu’alors inconnue, c’est par l’heureux hasard de la recherche dans la correspondance du député Antoine Capgras, qu’une lettre à l’en-tête du comité de Montauban de l’Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) a retenu notre attention.

 

Laure Girbal naît le 16 juin 1857 dans une famille aisée de la bourgeoisie montalbanaise. Elle est la fille de Louise Garrisson et de Jean-Pierre Roussennac négociant en drogueries de la rue Saint-Louis. Le 26 avril 1879, Laure Roussennac épouse à l’âge de 21 ans l’inspecteur en assurance Pierre Gédéon Auguste Girbal. Son mariage lui permet d’accéder à l’héritage légué par son père, décédé en 1865. Elle obtient plusieurs métairies à Albias, Montech, et le prestigieux hôtel de Solinhac du 38 rue Villebourbon où les deux époux s’installent après le mariage. Le couple n’aura pas d’enfants. 

Elle s’engage très tôt auprès de la petite enfance et de l’éducation des jeunes filles en créant l’œuvre du Trousseau, un patronage laïque dédié aux filles tous les jeudis après-midi et pendant les vacances scolaires. Pour son action, elle obtient le 19 mars 1910 la distinction d’officier de l’instruction publique en tant que « dame patronnesse des patronages laïques de Montauban ».

Au tournant du siècle, elle se consacre pleinement à la cause des femmes en devenant déléguée régionale de l’Union internationale des Amies de la jeune fille. Cette organisation née en 1877 à Genève a pour but d’aider les jeunes filles arrivant en ville à trouver un emploi et à se loger. En 1913, la résidence de Laure Girbal fait partie des rares adresses référencées en France pour la protection et le logement des travailleuses.

L’épreuve de la guerre va alors accélérer son action. Elle fonde l’office de l’activité féminine permettant de faire l’intermédiaire entre les administrations et industries en recherche de main d’œuvre féminine et les postulantes, pendant toute la durée du conflit. C’est principalement autour de l’assistance aux enfants abandonnés qu’elle va frayer un chemin au courant féministe et lui donner de la crédibilité, en réponse aux nombreux détracteurs du suffrage féminin. En octobre 1920, elle est désignée par le préfet de Tarn-et-Garonne pour contrôler les contrats d’apprentissage des jeunes filles Pupilles de la Nation. L’année suivante, elle devient vice-présidente de l’Office des Pupilles de la Nation et prend à sa charge plusieurs tutelles d’enfants.

Elle poursuit son travail de terrain pour structurer un groupe féministe à Montauban. C’est en tant que vice-présidente du Conseil national des femmes françaises (CNFF) qu’elle organise des réunions publiques pour faire évoluer les mentalités. Elle fait venir à Montauban des personnalités féministes telles que Marguerite Schwab, Germaine Malaterre-Sellier et Cécile Brunschvicg, présidente de l’UFSF avec qui elle correspond régulièrement sur les modalités d’action. Elle sollicite régulièrement par écrit personnalités politiques et membres de la société civile, en particulier à l’approche des élections législatives et sénatoriales. 

Lors de sa participation au congrès féministe de Toulouse en 1924, elle expose les difficultés de la jeunesse française meurtrie par la guerre 14-18. Elle parvient la même année à créer officiellement le comité montalbanais de l’UFSF, comptant 47 membres. En 1925, il dépassera les 200 adhérents, femmes et hommes confondus. Autour d’elle, des institutrices comme Mme Capelle directrice de l’école de Villebourbon, l’infirmière Marguerite Codou, Mme Bouzinac, femme de l’industriel caussadais, Louise-Henriette Lanta seule femme docteur en médecine du département. Le groupe intensifie sa propagande par des campagnes d’affichage et la diffusion de titres de presse féministes. Des enquêtes de terrain sont menées sur le travail à demi-temps, l’organisation du travail féminin, les jugements concernant les recherches en paternité, l’enseignement ménager dans les écoles, le logement des ouvrières. A la fin des années 20, son état de santé et son âge ne lui permettent plus d’assurer la direction du comité. Marguerite Codou en reprend la présidence, puis Madeleine Poult. Laure Girbal s’éteint en 1939 à l’âge de 89 ans sans avoir pu voir le combat suffragiste arriver à son terme en 1944.

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